Cette course à l’économie va grand train jusqu’à la catastrophe du Rana Plaza en avril 2013, qui met en lumière les conditions de travail et de sécurité exécrables des travailleurs. Un immeuble de Dhaka s’effondre, faisant plus de 1000 morts et 2000 blessés. Les entreprises clientes du Rana Plaza, parmi lesquelles Inditex (Zara), H&M ou encore Mango, sont alors pointées du doigt pour leur laxisme à l’égard des conditions de travail de leurs fournisseurs. Mais le chemin reste long pour assainir l’industrie textile et améliorer les conditions des travailleurs.
C’est aujourd’hui la situation de travail forcé des Ouïghours qui préoccupe l’opinion publique. Cette minorité musulmane est parquée dans des camps de travail de la province du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine, et exploitée pour ramasser le coton et fabriquer des vêtements à la chaîne. Quatre multinationales, dont le groupe SMCP et Uniqlo, font l’objet en avril 2021 d’une plainte d’un collectif d’ONG pour recel de travail forcé et crimes contre l’humanité, bien que Pékin nie toujours en bloc sur ce sujet.
Côté impact environnemental, le tableau est aussi alarmant. La mode est évaluée comme une des industries les plus polluantes, figurant parmi les sources les plus importantes d’émissions de gaz à effet de serre. Plus du tiers des microplastiques rejetés dans les océans viendrait du lavage de textiles fabriqués à base de pétrole comme le polyester.
Un rapport de Greenpeace a révélé la présence, entre autres, d’éthoxylates de nonylphénol et de phtalates dans les vêtements de 20 grandes marques du prêt-à-porter. Toutes ces substances sont des produits toxiques et des perturbateurs endocriniens, qui contribuent à l’apparition de malformations, de cancers et de morts prématurées parmi les travailleurs textiles, et empoisonnent les eaux et les terres agricoles.
Mais les tendances de consommation évoluent et à l’instar de l’alimentation, la mode fait aujourd’hui l’objet d’une prise de conscience collective.
Les consommateurs deviennent plus exigeants sur la qualité des produits et la transparence des chaînes de production.
Les marques se doivent désormais d’être exemplaires et il devient essentiel de produire plus près des clients finaux, dans des conditions environnementales et sociales strictement encadrées.